Me laisse pas devenir un fusil sans cartouches,
Un cheval sans cavalier, un cavalier à pied,
Me laisse pas devenir un spri-sprinter sans ligne d’arrivée,
Un train sans passagers,
Une dispute qui a mal tourné, une dispute qui a mal tourné
Me laisse pas devenir un pestiféré,
Me laisse pas devenir un chanteur de mariage,
Un pilier de bar, une barrière de péage.
Je sais bien qu't’es à terre, qu'les questions t'vrillent la tête,
Et qu'la douleur t’empêche de parler, de dormir, et même de penser
Comme si un train de marchandises t’était rentré dedans,
Je sais bien qu'tu regrettes plein d'choses, tous ces mots durs qu’on s’est échangé
Avec nos yeux qui lançaient des poignards, et nos langues qui f'saient comme des marteaux,
Je sais bien qu'tu voudrais m’avoir en face de toi,
Pour m’attraper, et m'secouer,
Me d'mander pourquoi j’ai fais ça,
La vérité c’est qu'je sais pas, j'réfléchis pas toujours, tu m’connais.
Je sais bien qu'tu comprends pas, mais peu importe le résultat,
Ça change rien à l’amour, j't’assure
Et un jour elles se r'ferm'ront tes blessures.
J’te d'mande pardon, pardon, excuse-moi,
J'voulais pas t'faire de mal, j'voulais pas,
J'pensais pas qu'ça irait aussi loin cette histoire,
J’ai pas fais gaffe, ça m’arrive parfois,
J’te demande pardon, pardon, excuse-moi,
Je voulais pas te faire de mal, je voulais pas
Mais même si c’est vrai qu’on peut plus s'voir,
J'suis encore là tu sais, et j'veille sur toi.
Me laisse pas dev'nir le mois d'Novembre,
Me laisse pas tout seul face au mur de la chambre,
Me laisse pas dev'nir une coquille vide, une sale race,
M'laisse pas dev'nir la gare Montparnasse,
Me laisse pas dev'nir une grande surface,
Une prise d’otage qui foire,
Une station balnéaire sur la Barois,
Me laisse pas comme une horloge cassée, pendue au mur à prend'la poussière,
Me laisse pas comme une église en mois d’avril.
Je sais bien qu't’es en colère,
Que t’aimerais bien qu'j'revienne,
Rien qu'pour pouvoir me coller un bon coup d'pied au cul,
Ou une correction digne de c'nom,
Je sais bien qu'tu t’en veux, mais t’y es pour rien, il faut qu'tu l’acceptes,
C’est la faute au coucou qui est dans ma tête, à tous mes tocs, mes tics et mes fixettes
Au chien effrayé qui aboi tout l'temps à l’intérieur de moi,
Je sais bien qu'tu m’appelle et qu'j'réponds pas,
Mais dis-toi qu'j’ai juste pris la voiture et qu'j'suis parti,
Que j'conduis la vitre ouverte, dans la nuit éclairée par la voie lactée,
Je sais bien qu'tu comprends pas, mais peu importe le résultat,
Ça change rien à l’amour que j’ai pour toi, j't’assure
Et un jour elles se r'ferm'ront tes blessures.
J’te d'mande pardon, pardon, excuse-moi,
J'voulais pas t'faire de mal, j'voulais pas,
J'pensais pas qu'ça irait aussi loin cette histoire,
J’ai pas fais gaffe, ça m’arrive parfois,
J’te demande pardon, pardon, excuse-moi,
J'voulais pas te faire de mal, c'était pas contre toi,
Mais même si c’est vrai qu’on peut plus s'voir,
J'suis encore là tu sais, et j'veille sur toi.
Je suis l'souffle du vent,
Je suis la pluie sur tes fenêtres,
Je suis les courants d’air qui font claquer les portes,
Je suis les craquements du parquet que la nuit emporte,
Je suis le chat qui passe en silence sous l'faisceau d’un lampadaire,
Je suis les premières neiges,
Je suis la lune qui éclaire la mer,
Je suis les odeurs de l’hiver,
Je suis l'fracas des vagues contre la jetée,
Je suis l'cri des goélands,
Je suis les embruns sur les rochers,
Je suis tes voiles qui frémissent,
Je suis l’eau vive qui court contre la coque de ton canot qui glisse,
Je suis les parfums de Genet et d’Agen au printemps,
Je suis les bans d'sables qui découvrent,
Je suis l’orage, le soleil qui perce entre les nuages,
Je suis les gouttes sur ton visage, je suis la vie autour de toi.